Toitures solaires pour les collectivités
- Romane BACQUET
- 19 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juin
Face à l’urgence climatique et à la nécessité de maîtriser les dépenses énergétiques, les collectivités locales ont un rôle majeur à jouer. Entre obligations réglementaires et attentes sociétales, de plus en plus de mairies, communautés de communes, lycées ou gymnases se tournent vers le solaire photovoltaïque comme solution concrète, locale et durable.
Mais au-delà de l’engagement écologique, une question essentielle se pose : comment rentabiliser les toitures solaires pour les collectivités ?

Toitures solaires pour les collectivités : une opportunité sous-exploitée ?
Avant de parler de rentabilité ou de montage de projet, commençons par une évidence souvent négligée : le potentiel solaire des toitures publiques est immense… et largement inexploité. Voyons pourquoi.
Le parc bâti public est un gisement solaire immense
La France compte plus de 500 000 bâtiments publics, dont une large majorité dispose de toitures non exploitées : écoles, salles polyvalentes, gymnases, mairies, entrepôts, etc.
Exemple concret : la toiture d’un collège de 1 000 m² peut accueillir une centrale photovoltaïque de 150 kWc, capable de produire jusqu’à 180 000 kWh/an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 60 foyers.
Les obligations réglementaires encouragent cette transition
Depuis la loi Climat et Résilience d’août 2021, les constructions ou rénovations de bâtiments publics de plus de 500 m² doivent intégrer une part de toiture végétalisée ou solarisée. Une contrainte devenue levier d’action, voire d’optimisation budgétaire.
L’autoconsommation collective permet de baisser les factures locales
Une fois le potentiel solaire identifié, plusieurs modèles de valorisation sont possibles. Le premier est particulièrement pertinent pour les communes engagées dans la sobriété énergétique : l’autoconsommation collective.
Une énergie produite sur place, consommée à proximité
Les collectivités peuvent mettre en place des projets d’autoconsommation collective. L’électricité produite est directement utilisée par les bâtiments publics (mairie, école, médiathèque…) ou redistribuée à des usagers voisins.
Exemple concret : à Marmande (47), la mairie a équipé plusieurs toits publics de panneaux photovoltaïques. Résultat : plus de 50 % d’autonomie énergétique sur certains bâtiments municipaux, et plusieurs dizaines de milliers d’euros économisés sur les factures.
La vente d’électricité permet une source de revenus stable
Si l’autoconsommation n’est pas adaptée à tous les cas (notamment en période de fermeture estivale ou pendant les vacances scolaires), la revente totale d’électricité reste une solution simple, efficace et sûre pour générer des recettes.
Un contrat d’achat sécurisé pour 20 ans
Lorsqu’une collectivité ne consomme pas directement l’électricité produite, elle peut la revendre à EDF OA (Obligation d’Achat) à un tarif garanti pendant 20 ans.
A savoir : Les tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïque en 2025 ont baissé.
Chiffres clés 2025 : pour une installation inférieure à 100 kWc, le tarif d’achat est d’environ 0,135 €/kWh. Une centrale de 90 kWc peut générer jusqu’à 12 000 € de recettes annuelles, sans coût d’exploitation majeur.
La location de toiture : un modèle sans investissement
Certaines collectivités optent pour la mise à disposition de leur toiture à un opérateur privé (tiers investisseur) qui finance, installe et exploite les panneaux. En échange, la collectivité perçoit un loyer annuel ou bénéficie de retombées locales.
Exemple concret : une commune de 2 000 habitants en Bretagne a loué les toits de ses bâtiments techniques à un développeur solaire. Résultat : 10 000 € par an de loyers, sans débourser un centime.
Le solaire valorise le patrimoine bâti et renforce l’image locale
Installer des panneaux solaires sur un bâtiment public, c’est aussi :
Moderniser le patrimoine communal ;
Valoriser l’engagement écologique de la collectivité ;
Sensibiliser les citoyens et les jeunes générations.
Exemple concret : à Toulouse, une école élémentaire équipée de panneaux solaires a intégré le suivi de production en classe via une application pédagogique. Résultat : une génération d’élèves sensibilisée et impliquée.
Des aides et subventions pour soutenir les projets solaires publics
Les collectivités peuvent bénéficier de :
La prime à l’investissement (pour les projets en autoconsommation) ;
Des subventions régionales ou FEDER ;
Un accompagnement de l’ADEME ou de la Banque des Territoires.
Astuce pratique : de nombreux syndicats d’énergie proposent aussi un soutien technique et financier pour co-développer les projets.
Conclusion
Les toitures des bâtiments publics représentent un levier formidable pour produire une énergie locale, réduire les dépenses, créer des revenus, et engager un territoire dans une démarche responsable. Aujourd’hui, le photovoltaïque n’est plus une utopie verte, mais une solution pragmatique que de nombreuses collectivités ont déjà adoptée avec succès.
FAQ
Faut-il avoir un agent dédié pour gérer un projet photovoltaïque ?
Non, la majorité des démarches sont externalisables. Des prestataires spécialisés accompagnent la collectivité à chaque étape, depuis l’étude de faisabilité jusqu’à l’exploitation.
Et si le bâtiment est ancien ?
Pas de souci : une étude technique vérifie la capacité portante du toit. En cas d’impossibilité en toiture, un projet au sol ou en ombrière de parking peut être envisagé.
Peut-on mutualiser un projet avec d'autres communes ?
Oui ! Des projets intercommunaux ou portés par des syndicats d’énergie permettent de mutualiser les investissements et les retombées économiques.




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