Installer des panneaux solaires en copropriété
- Romane BACQUET
- il y a 19 heures
- 4 min de lecture
Face à l’urgence climatique et à la hausse constante des prix de l’énergie, de nombreuses copropriétés envisagent d’investir dans le solaire pour maîtriser leurs charges et réduire leur empreinte carbone. Si l’idée est séduisante, sa mise en œuvre reste complexe, tant sur le plan technique que juridique. Entre contraintes réglementaires, enjeux collectifs et solutions émergentes, comment rendre un projet photovoltaïque viable en copropriété ?

Installer des panneaux solaires en copropriété : est-ce réellement possible ?
L’installation de panneaux photovoltaïques dans un immeuble collectif est tout à fait envisageable, mais elle demande une organisation rigoureuse et une bonne connaissance des démarches à suivre. Voici les réalités à connaître avant de se lancer.
Le cadre légal autorise les projets solaires en copropriété
Depuis la loi Élan de 2018, les copropriétés peuvent installer des équipements d’autoconsommation collective. Ce dispositif autorise la production et la répartition d’électricité entre plusieurs logements, à condition que tous soient raccordés au même poste de transformation basse tension.
Le vote en assemblée générale est obligatoire
Tout projet solaire doit être soumis à l’assemblée générale des copropriétaires. Pour des installations sur les parties communes (toiture, façade), la majorité absolue (article 25) est requise. Ce point peut freiner certains projets si les copropriétaires ne sont pas suffisamment sensibilisés ou convaincus de la rentabilité du projet.
Les contraintes techniques varient selon les immeubles
Chaque immeuble présente ses propres spécificités : orientation de la toiture, emprise disponible, présence d’obstacles (cheminées, lucarnes), vétusté de la couverture, etc. Un audit technique est indispensable pour évaluer la faisabilité d’un projet solaire sur site.
Quels sont les modèles possibles pour une installation solaire en copropriété ?
Il n’existe pas un modèle unique d’installation solaire en habitat collectif. Plusieurs scénarios peuvent être envisagés selon les objectifs du projet, la configuration de l’immeuble et le degré d’implication de la copropriété.
L’autoconsommation collective devient de plus en plus accessible
Grâce à l’évolution des textes réglementaires, l’autoconsommation collective permet à plusieurs logements de consommer une part de la production solaire issue du toit de l’immeuble. En 2025, les projets avec répartition locale de l’électricité sont facilités grâce aux outils numériques de suivi (comme les plateformes d’Enedis) et aux sociétés d’autoconsommation collective (SAC).
La revente totale peut financer les charges communes
Dans ce modèle, l’électricité produite est intégralement injectée dans le réseau et vendue à EDF OA. Les recettes générées (environ 10 à 13 c€/kWh) peuvent financer les charges de l’immeuble : éclairage des parties communes, ascenseurs, entretien.
Un tiers investisseur peut porter le projet
La copropriété peut aussi faire appel à un opérateur externe qui prend en charge l’installation et l’exploitation des panneaux. En échange, une redevance est versée à la copropriété pour l’occupation de la toiture. Ce modèle limite les frais initiaux et les responsabilités juridiques.
Quelles sont les étapes clés pour concrétiser un projet photovoltaïque collectif ?
Installer des panneaux solaires en copropriété se prépare sur plusieurs mois et implique une série d’étapes précises, aussi bien techniques qu’administratives.
L’étude de faisabilité est la première étape essentielle
Avant toute chose, un bureau d’études ou un installateur qualifié doit analyser la toiture, l’ensoleillement, la structure du bâtiment, et proposer un dimensionnement adapté. Cette étude permet d’estimer le coût global, les gains attendus et le retour sur investissement.
Le montage juridique et administratif doit être anticipé
Il est souvent nécessaire de créer une entité juridique (association, société, SAS) pour gérer la production, la répartition et la facturation de l’énergie en autoconsommation collective. Des conventions doivent également être signées avec Enedis.
Le financement peut combiner aides publiques et épargne des copropriétaires
Des aides telles que le Fonds Chaleur, la prime à l’investissement pour autoconsommation, ou les subventions régionales peuvent alléger le coût du projet. Certains montages prévoient aussi un financement participatif des copropriétaires ou des citoyens du quartier.
Quels freins restent à lever pour généraliser le solaire en copropriété ?
Malgré un potentiel important, le développement du solaire dans les copropriétés reste encore marginal. Plusieurs obstacles doivent être levés pour accélérer la dynamique.
Le manque d’information freine les initiatives locales
De nombreux syndics et copropriétaires méconnaissent les possibilités offertes par l’autoconsommation collective ou les aides existantes. Des campagnes d’information ciblées pourraient lever ces blocages.
La coordination entre copropriétaires est parfois difficile
Les projets impliquent de longues discussions, des compromis et parfois des tensions internes. Un accompagnement externe (AMO, facilitateurs solaires) est souvent décisif pour faire émerger un consensus.
Les délais administratifs restent un frein majeur
Entre l’étude technique, le vote en AG, les démarches de raccordement et l’obtention des aides, il faut souvent compter 12 à 24 mois avant la mise en service. Une simplification des procédures serait un levier fort de démocratisation.
FAQ
Peut-on installer des panneaux solaires sans l'accord de tous les copropriétaires ?
Non, un vote en AG est indispensable pour tout projet concernant les parties communes. La majorité requise dépend de la nature de l’installation.
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